mardi 18 décembre 2018

Chanson et antimilitarisme

Outil d’expression, la chanson rend compte de l’état d’esprit de la communauté qui l’utilise en même temps qu’elle établit un dialogue avec celles à qui elle s’adresse. L’antimilitarisme est un concept moderne apparut à la charnière des XIXe et XXe siècles. Un inventaire des chansons embrigadées sous cette étiquette met à jour un répertoire hétéroclite. 
Profitant largement du caractère polysémique de la chanson populaire, la chanson “antimilitariste” a mis à contribution des répertoires qui ne le sont pas vraiment. Si le terme est récent, la contestation de l’armée est consubstantielle à l’institution. Toutefois, elle est plus individuelle que collective (Je maudis le sergent, vers 1780 ; L’Armée de Bellone, 1811 ; Le Conscrit de 1810), car ces compositions sont très certainement l’œuvre de lettrés plus que de soldats majoritairement analphabètes à cette époque. 


Il ne faut pas confondre ces compositions avec des chansons de soldat pouvant s’apparenter à une contestation de l’autorité (La Galette, 1845 ; La Protestation des chasseurs, 1871 ; Les Fayots, vers 1900), mais relevant plutôt d’une certaine liberté d’expression militaire.


La Révolution ayant institué la conscription et inventé le patriotisme, les mouvements ouvriers peinent à dénoncer l’armée, aussi bien lors des féroces répressions des insurrections parisiennes de la première moitié du XIXe, que pendant la Commune ou encore à la veille de la Grande Guerre. Malgré une tentative comme Le Soldat de Marsala (publication en 1872), la chanson antimilitariste n’existe pas.



Le comique troupier à partir de 1891 et l’autorisation de se produire sur scène avec des effets militaires, sans être antimilitariste, ouvre néanmoins la voie à une critique de l’armée.
La première véritable chanson antimilitariste serait Gloire au 17e. Elle profite d’une erreur du commandement car les soldats qui mettent la crosse en l’air ne se révoltent pas contre l’armée, ils refusent d’obéir car ils ne veulent pas tirer sur leurs parents, leur unité est issue de la région. La chanson est composée en 1907, à l’époque où le terme apparaît.




Après la Grande Guerre et ses hécatombes, le Front populaire apporte une caution politique au courant antimilitariste. Il sait utiliser la chanson pour diffuser l’idée comme avec Giroflé-girofla (1935). Il sait aussi récupérer le répertoire des poilus pour faire d’une de leur compositions, la Chanson de Lorette, un titre emblématique de leur répertoire, la Chanson de Craonne, jamais chanté par les mutins de 1917, ICI



Le répertoire prend de l’ampleur après la 2e GM avec Yves Montand et Quand un soldat (Francis Lemarque, 1952). Cette chanson répond aux premiers enregistrements de chants légionnaires (1950) et ouvre un véritable dialogue dans l’opinion publique entretenu au cours des décennies suivantes. La révolution technologique opérée par le disque (78 tours puis microsillon) participe d’une démocratisation de l’écoute de la musique qui permet la diffusion de ces nouvelles chansons, généralement interdites d’antenne. 


Ces échanges, entre le dernier répertoire de chansons de métier d’un côté, quelques chansonniers (Montand, Vian, Brassens, Ferré, Le Forestier, …) et le courant folk des années 1970-80 de l’autre, rendent compte d’une profonde fracture dans l’opinion publique. Les chansons contribuent à regrouper les communautés qui s’identifient à leurs paroles. Jdanov, ministre de la Culture de Staline avait bien compris l’intérêt d’utiliser les artistes pour relayer son programme politique. Directement visés, les soldats répondent aussi par des chansons entretenant une sorte de débat dont on entend encore parfois les échos. En effet, il faut intégrer dans ces échanges les polémiques sur l’interprétation et les paroles de la Marseillaise, pour leur contestation de l’hymne national qui est à l’origine le Chant de guerre pour l’armée du Rhin.

mercredi 22 août 2018

Principes pour les tambours d’Antoine Caro, 1756.

Antoine Caro est un illustre inconnu. Né à Paris en 1714, il sert comme tambour à la Première compagnie des Mousquetaires du roi de 1731 à 1763.
En 1756 et sur ordre du roi, il compose les nouvelles batteries des mousquetaires aux Invalides.
Alors que l’Instruction pour les tambours de Bombelles avait été enseignée à tous les tambours-majors en 1754 pour normaliser les batteries en usage, le roi autorise les mousquetaires à adopter des batteries d’ordonnance différentes. De fait, les mousquetaires sont des dragons et combattent aussi bien à cheval qu’à pied et les régiments suisses avaient conservé leurs batteries, mais pas les régiments allemands. Ce privilège accordé aux mousquetaires illustre la puissance des traditions dans l’armée royale. Toutefois, ces batteries sont la seule exception connue.
Tombée dans l‘oubli, cette partition montre la richesse du répertoire des mousquetaires. Nous en avons un aperçu dans le recueil de Philidor qui donne déjà la Marche des mousquetaires en 1705. A l’époque, une “Marche” est l’ensemble des batteries de l’ordonnance (La retraite, L’assemblée, …). Nous en avons une autre illustration dans la célèbre Marche tactique du chevalier de Lirou composée en 1767 et qui est bien une marche de défilé. Outre de faire partie de l’élite de l’armée royale, les mousquetaires se distinguent par le nombre de leurs compositions musicales (Marche des mousquetaires noirs, Marche pour le défilé des mousquetaires, Marche des mousquetaires du roi, Marche des mousquetaires, …).
La composition de Caro s’inscrit dans ce répertoire militaire particulier qui veut mettre en évidence les compétences et les spécificités de ce corps d’élite. On note la similitude avec l’Instruction pour les tambours de Bombelles, antérieure de deux ans. La partition de Caro n'est pas aussi élaborée que celle de Bombelles qui est destinée à toute l’armée, elle n’est pas imprimée et ne donne pas les détails d’exécution que l’on trouve en 1754. Elle montre néanmoins le haut niveau de compétence musicale et militaire auquel prétendent les mousquetaires et vaudra à Caro une gratification et une pension du roi.
Pour la première fois, ce manuscrit est exhumé, réinterprété et enregistré par Axel Chagnon, tambour-major-adjoint à la Gendarmerie mobile. Ce travail de restauration novateur donne un aperçu de la richesse et de la complexité de la céleustique dans l’armée royale.
Partitions et enregistrements sont en ligne ICI.


vendredi 13 juillet 2018

Techno à l’Elysée, Hellfest… Quelle identité musicale ?

La musique rend compte de l’état des liens unissant les communautés. Elle est aussi devenue un outil de conditionnement d’autant plus pernicieux que ceux qui le subissent n’ont généralement pas conscience de ses modes d’action ni de sa puissance. Que Pigasse rachète le festival Rock en Seine en 2017 ne relève pas du mécénat ni de la philantropie : « C’est aussi un projet politique : nous utilisons l’éducation et la culture pour changer le monde ».


On croit généralement que la musique relève de choix personnels sans considérer que l’on ne fait que choisir dans l’offre qui est présentée, suggérée, et surtout imposée. La démarche relève du plaisir et ne semble pas porter à conséquence : ses implications politiques entrent rarement en ligne de compte. Traduisant cette attitude, les politiques défenseurs de l’identité nationale n’interviennent pas dans ce qu’ils considèrent relever exclusivement de choix privés. Inutile de créer des clivages dans un domaine où l’offre morcèle les communautés sans fournir de réponse simple. Le terrain culturel musical a donc été littéralement abandonné par les nationaux au profit de l’Etat et d’intérêts financiers. Si le réflexe identitaire fonctionne encore un peu dans l’alimentation et le vêtement, il a totalement déserté le terrain musical. La musique commerciale a envahi l’espace public et privé. Pas de lieu public, transport, zone commerciale sans musique mondialisée : les troupes d’occupation culturelle règnent sans partage. Les plus ardents militants pour la défense de l’identité française et européenne ont adopté ces musiques sans y déceler la moindre contradiction avec leur engagement. Dans le domaine musical, on consomme joyeusement sans aucun discernement. La jouissance d’abord !




Le plaisir musical d’abord !

La musique est un outil de séduction, c’est elle qui rassemble, qui entretient les liens collectifs. Laisser croire que des choix personnels n’auraient pas de conséquence collective en matière musicale relève de la mystification. La civilisation européenne dispose pourtant de la plus longue mémoire musicale vivante de l’histoire de l’humanité. L’assertion pourrait être discutée, mais pas en ce qui concerne la mémoire écrite. En effet, elle est la seule à avoir conçu une écriture musicale permettant l’existence de l’orchestre où les musiciens suivent la mélodie composée pour chaque instrument. Dans les autres cultures tous les musiciens improvisent sur le thème indiqué par le meneur, un peu comme dans les orchestres de jazz. Cette particularité unique de la musique européenne participe de son pouvoir de séduction planétaire. Elle fascine les plus anciennes civilisations. Ainsi le plus grand nombre de master class d’instruments classiques se situe dans les pays asiatiques. Ces notions sont portant ignorées de ceux qui s’attachent à défendre l’identité de la civilisation européenne.




Quelle musique d’Etat ?

La promotion de la musique techno dans le palais de l’Elysée s’inscrit donc dans ces opérations de subversion de notre identité musicale nationale. Non pas que l’on ne puisse écouter ces musiques, mais l’Elysée est le siège du pouvoir exécutif. De tout temps l’autorité politique a utilisé la musique comme modèle et outil de rayonnement culturel, même si le terme de “soft power” n’est que d’introduction récente. Plus spécialement, le pouvoir dispose d’orchestres dédiés à cette expression musicale officielle et aptes à jouer la plupart des styles musicaux. Composées d’excellents musiciens, dont de nombreux prix du Conservatoire, ces formations officielles sont intégrées actuellement à la Garde républicaine et comptent un orchestre symphonique, une musique d’harmonie, le Chœur de l’armée française et une fanfare de cavalerie. Les trompes de chasse, la batterie napoléonienne et d’autres formations comme orchestres à cordes ou groupe de rock peuvent couvrir d’autres genres musicaux suivant les besoins. Ainsi l’habituel dénigrement des musiques militaires cache en réalité un mépris pour l’expression de l’identité musicale nationale incarnée par ces orchestres. Ce mépris est confirmé par le récent choix du chef de l’Etat lors de la fête de la musique. En effet, depuis des siècles, ces orchestres jouent un rôle à la fois diplomatique et culturel. Signe de l’importance de leur mission, ils sont administrés par l’armée et font partie de la garde, actuellement républicaine mais qui fut aussi impériale et royale, entre autres. Leur substituer d’autres “artistes” dans les bâtiments où siège l’autorité de l’Etat est le signe d’une volonté officielle d’accélérer le remplacement des repères culturels musicaux spécifiques de notre identité nationale. Le débat ne peut pas se situer uniquement sur le modèle de substitution, mais bien sur celui qui est éliminé et devrait être défendu. Toutefois comment défendre ce que l’on ne connaît pas, ce qui n’a pas été identifié, ce dont on n’a même plus conscience ?

La question dépasse la critique du comportement ou de la tenue des “artistes” invités puisque même les catholiques héritiers de la plus ancienne mémoire musicale de notre civilisation ne peuvent plus contester le choix élyséen : dans leurs grandes manifestations de défense de la famille, comme à la Marche pour la Vie de janvier dernier, ils ont adopté le même style musical, et donc déjà signifié par là leur allégeance culturelle.



Le Hellfest attaque l’orthodoxie

La même erreur d’appréciation est commise dans une autre sensibilité de la dissidence quand on observe qu’un site pourtant à l’avant-garde de la réinformation comme Breizh-Info fait l’éloge du Hellfest. Il peut y avoir du très bon rock metal dissident, là n’est pas la question, mais ce n’est pas parce que ce festival regroupe des Blancs avec parfois des groupes aux références identitaires très marquées qu’il faut se laisser abuser. A l’heure où le chant du muezzin commence à se faire entendre en France, ceux qui veulent défendre son identité séculaire ne résisteront pas en utilisant le metal comme musique alternative. Cette année encore l’entrée était gratuite pour les moins de 12 ans, bientôt une scène metal pour les enfants et le conditionnement musical au berceau ? Par ailleurs, avec 81 % d’hommes blancs dépensant en moyenne 500 €, on est plus dans l’ethnique genré que dans le festival populaire.

Pour l’édition 2018 côté prestations, on pourrait discuter des paroles Kop Killer du groupe Body Count si cette thématique recuite ne relevait plus que du clip de rap en mal d’inspiration. Le groupe Watain a renouvelé son rituel démoniaque déjà interprété en 2016 et hurlé ses blasphèmes et sa haine de la religion. Déjà présent lors de précédentes éditions, le groupe suédois Therion se revendique de la secte du Dragon rouge, pratiquant la magie noire. Mais qui sait encore ce dont il s’agit ?

L’originalité venait d’ailleurs, les organisateurs ont été chercher Batushka, un groupe polonais qui chante en russe et s’attaque spécialement à la religion orthodoxe, mêlant chant liturgique, black metal et messe noire. S’en prendre à la religion catholique n’était plus suffisant, il faut maintenant qu’ils s’attaquent à l’autre racine spirituelle de la civilisation européenne, alors qu’elle renait en Russie après 70 ans de persécution communiste. Comme on peut le constater et contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire, il ne s’agit pas de clichés anodins, mais bien d’un conditionnement par la musique dans un but politique.

Le renouveau de l’occultisme mis en évidence par la remarquable étude du Père Golfier [1] montre les liens avec l’explosion des profanations de cimetières comme des suicides de jeunes satanistes, celle des voyants (10 fois plus que de prêtres ou de psychiatres), celle des films, livres ou séries TV. On ne veut plus croire au démon, mais la jeunesse joue à se faire peur avec lui. Il ne sert à rien de dénoncer les peuples qui ont perdu leur ancienne mémoire si l’on oublie les enseignements venus du fond des âges. Les Romains mettaient déjà en garde contre des formules maléfiques mésopotamiennes et égyptiennes, les “onomata barbarika” réintroduites en Europe par l’occultiste John Dee à l’époque élisabéthaine. Ces mêmes formules reprises par Crowley et LaVey qui inspirent les paroliers de certaines chansons de rock [2]. La parole est l’expression de la croyance, en religion comme dans la formule encore en usage dans les tribunaux. Peu importe ce que croit véritablement celui qui exprime oralement une foi. Cette simple expression déclenche des mécanismes psychiques liés au rôle du son, que l’émetteur comprenne la signification des paroles ou pas, et il suffit d’avoir déjà chanté à plusieurs pour apprécier ce qui est en œuvre.



Le combat pour l’identité musicale

Si les profanations de cimetières peuvent s’apparenter à des rites, ce sont aussi et surtout des attaques contre le sacré collectif le plus fondamental, car le culte des morts est indispensable à toute civilisation. Derrière le folklore sataniste de symboles, de postures et de chansons, il y a bien des techniques opérationnelles, leur mise en œuvre conditionne la jeunesse et vise à détruire les derniers repères collectifs de nos sociétés.

Ne considérer que l’aspect musical sous le prétexte que l’on ne croit plus à la foi attaquée revient à nier la réalité de phénomènes psychiques facilités par la musique. De même que vouloir mener la bataille pour l’identité d’un peuple et d’une civilisation, sans avoir défini au préalable l’identité musicale à défendre, conduit inéluctablement au désastre.



[1] Père Golfier, Tactiques du diable et délivrances, Artège, 2018

[2] Père Benoît Domergue, La Musique extrême, un écho surgi des abîmes, François-Xavier de Guibert, 2004.

Source ICI

mercredi 11 juillet 2018

Zoom – Thierry Bouzard : Hommage au chant militaire

En dehors de quelques cérémonies officielles, le chant et la musique militaires sont les grands oubliés des programmations. Cette part de notre patrimoine national est remise à l’honneur grâce à l’inlassable travail du musicologue spécialiste du chant militaire Thierry Bouzard qui publie, coup sur coup, un grand recueil de chants parachutistes et un CD d’hommage à nos soldats. Un entretien indispensable à regarder à la veille du 14 juillet… Garde à vous ! 
Site de Diffusia 

 

dimanche 8 juillet 2018

Le dernier 14 juillet du tambour-major de la musique de la Légion


Dans six jours, ce sera son 28e et ultime défilé sur les Champs-Elysées. Dont 18 avec la musique de la Légion étrangère (MLE). Sur le parcours parisien (de la hauteur de la statue de Georges Clemenceau à la place de la Concorde), Jérôme Dumond, l’adjudant-chef, lancera, environ tous les 100 mètres, sa canne de tambour-major. Soit quatre à cinq fois. A plus de cinq mètres de hauteur, parfois jusqu’à dix. La canne pèse un kilo, ce qui requiert pour réaliser l’exercice en confiance, un entrainement quasi quotidien. Ce quinquagénaire, né à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime), a commencé la musique en jouant, à sept ans, de la trompette. Il rejoint, ensuite, la vie militaire "pour concilier l’armée et la musique." Avec réussite. C’est d’abord la musique des transmissions puis celle des troupes de marine (avec des mutations à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie), un premier séjour à la MLE (1992-98), la musique de l’artillerie à Rennes avant de revenir à la Légion en 2006. Toujours en qualité de tambour-major "celui qui est là pour faire travailler et entretenir le cérémonial militaire." Mais le chef de la musique lui a également proposé d’endosser un autre rôle, lors de certaines prestations. Celui de chanteur. "Son allure m’a laissé penser qu’il devait pouvoir faire quelque chose sur scène" explique le lieutenant-colonel Emile Lardeux, qui dirige la musique de la Légion. "Il s’est pris au jeu, moi aussi et le numéro s’est mis en place." Le sous-officier  interprète ainsi Un dur, un vrai, un tatoué  dans l’album Héros enregistré par la MLE et devenu disque d’or. Autre titre chanté naguère par Fernandel et repris par Jérôme, Félicie. Mais son répertoire est beaucoup plus vaste.
A la fin du mois, Jérôme Dumond quittera l’uniforme et s’établira dans le Tarn. C’est Andreï, un sergent-chef d’origine russe qui reprendra sa canne. Sa dernière mission : l’adieu aux armes, le 26 juillet, du général Jean Maurin, commandant de la Légion étrangère…
Source ICI

mardi 26 juin 2018

La céleustique au colloque sur l’histoire des transmissions (13/09/2018)

Les organisateurs du colloque sur les 150 ans des transmissions militaires ont bien voulu faire une place aux signaux sonores dans l’armée française.
Ce sera l’occasion de présenter l’historique de la céleustique, le mode de fonctionnement et de transmission de ces signaux, l’évolution des répertoires, jusqu’aux raisons de leur maintient dans le cérémonial militaire du XXIe siècle.

Date : 13/09/2018,
Lieu : Ecole militaire,
Inscription ICI.



lundi 25 juin 2018

Mersenne, Bombelles et Caro aux Invalides

Pour la première fois depuis plusieurs siècles, les anciennes batteries d’ordonnance ont résonné dans les Invalides. Le 19 juin dernier, en illustration de la conférence donnée par le général Helly sur la céleustique, le tambour-major Axel Chagnon de exécuté quelques batteries tirées de partitions oubliées.
L’exécution de ces batteries n’a été possible que par la réinterprétation des anciennes partitions. Les seules subsistant à ce jour.

La partition du Père Mersenne (1636) figurant dans l’Harmonie universelle.


La partition du manuscrit de Philidor (1705).

La partition de Bombelles dans l’Instruction pour les tambours (1754).

La partition de Caro pour l’ordonnance des mousquetaires (1756).

La partition de Melchior pour l’ordonnance de 1831.

C‘était bien la première fois que ces batteries ont pu être entendues et comparées, mettant en évidence la similitude, pour ne pas dire la quasi identité, des signaux aux tambours dans l’armée française. Ainsi à travers les changements de régimes, les révolutions, les évolutions de l’armement et de la tactique, seuls quelques batteries de tambour se sont maintenues pratiquement à l’identique depuis la fin du XVIe siècle, cas unique dans toutes les armées d’Europe.

mardi 29 mai 2018

19/06. Conférences sur la musique militaire aux Invalides

Ah que j’aime la musique militaire !
Journée d'étude organisée par le musée de l'Armée
Cette journée d'étude se déroule dans l'auditorium Austerlitz du musée de l'Armée.
Au programme (provisoire, changement possible des horaires de certains intervenants)
Mardi 19 juin 2018
  • 10h00-10h15 Introduction, par le colonel Stéphane Brosseau, chef de corps du commandement des musiques de l'armée de Terre
  • 10h15-11h00 Transmettre les ordres par le son. Héritage de tactique militaire, tradition, patrimoine musical, par le général de Corps d'Armée André Helly, président de l'Association des Amis du Musée de Tradition de l'Armée des Transmissions. Animation sonore par Axel Chagnon, tambour-major adjoint à la Garde mobile.
  • 11h00-11h15 Questions
  • 11h15-12h00 Comment le chant militaire accompagne-t-il la vie du soldat ?, par Adeline Poussin. Docteur en ethnomusicologie
  • 12h00-12h15 Questions
  • 13h45-14h30 En musique et pour l'honneur. Trompettes et baguettes d'honneur sous le Consulat (1799-1804), par Jean-Daniel Souchon, trompettiste de l'orchestre des Troupes de marine de l'armée de Terre, et Ronan Trucas, documentaliste au musée de l'Armée.
  • 14h30-14h45 Questions
  • 14h45-15h30 Orchestres monstres et instruments fabuleux, les extraordinaires orchestres militaires, par Thierry Bouzard, docteur en histoire.
  • 15h30-15h45 Questions

Réservation obligatoire : histoire@musee-armee.fr (à partir de votre messagerie) ; dans la limite des places disponibles. 


lundi 28 mai 2018

Le Grand Recueil des chants parachutistes

Dans l’armée française, le chant a un rôle fonctionnel et se transmet à l’imitation, pas de répertoire officiel ni de formation particulière. Il s’agit donc d’un authentique répertoire de chants de métier, le dernier encore vivant. En effet, la chanson traditionnelle a disparu de la pratique quotidienne. Les soldats sont quasiment les derniers à entretenir un répertoire de tradition orale au XXIe siècle.
Troupes d’élite de l’armée française, les unités parachutistes sont de création récente puisque les premières ne remontent qu’à 1937. Héritiers des vieilles traditions militaires françaises, les parachutistes vont savoir s’adapter à la nouvelle forme de combat qu’impose l’après-guerre. À ce combat révolutionnaire qui s’attaque au moral du soldat et de la population, ils vont répondre par un nouveau style de chants. S’ils conservent quelques grands titres apparus dans l’armée d’Afrique lors de la Libération, ils s’inspirent surtout du répertoire adopté par les légionnaires en Indochine dès 1946. Les parachutistes vont aussi affirmer leur idéal et leur joie de vivre dans des chants nouveaux et originaux à partir de la guerre d’Algérie. Leur répertoire s’appuie sur trois sources principales, les chants créés au sein de l’armée d’Afrique, les chants scouts et les chants légionnaires. C’est durant la guerre d’Algérie que les parachutistes vont connaître leur plus grande popularité. Les principaux éditeurs de musique diffusent alors des collections d’enregistrements de chants parachutistes dans le grand public.

Le chant occupe, dans les méthodes parachutistes, une place essentielle. En effet, le chant sert à la formation des nouvelles recrues, il leur permet d’acquérir rapidement l’esprit para. Il sert ensuite à maintenir la cohésion des unités et à affirmer leur idéal. Enfin, le chant est un moyen de communication. Faire défiler les soldats dans les rues en chantant est la manifestation d’une prise de pouvoir spatiale. L’adversaire l’entend et peut y répondre, engageant un véritable dialogue dans la société. Les documents mis à disposition sur ces pages (recueil de chants, enregistrements, fichiers-sons) permettent d’accéder pour la première fois à l’ensemble du répertoire des parachutistes. Ils rendent compte de la vitalité de cette tradition orale originale.

Le Grand Recueil des chants parachutistes, Thierry Bouzard et Gérard Eiselé, éditions Diffusia, 224 pages, 35 €.
122 chants, 24 x 31 cm. ISBN : 978-2-9156-5612-1

Table des matières avec la liste des chants à la page suivante…

samedi 28 avril 2018

CD, Hommage à nos soldats

Si le cérémonial militaire intègre depuis longtemps des marches funèbres, la liturgie religieuse ordinaire n’avait jamais été adaptée à ces circonstances. Sans leur être d’ailleurs forcément dédiée cette messe militaire est donc une première. Composée par Gérard Eiselé sur des mélodies de chants parachutistes, elle est tout naturellement adaptée pour un hommage aux soldats morts en opération. Elle est complétée par des chants funèbres accompagnés, pour certains, au clairon et à l’orgue qui donnent un ton solennel et recueilli à cet enregistrement. La Chapelle royale de Dreux et la quarantaine de choristes du Chœur de l’UNP-Centre lui confèrent toute la majesté et la puissance requises.
L’enregistrement est règlementairement ouvert par la sonnerie d’hommage Aux morts. La Messe parachustiste, qui n’est pas une messe de Requiem, est encadrée par les très officielles Marches funèbres n° 1 et n° 2 figurant dans les Instructions pour les batteries et sonneries à partir de 1912 et reprises ici de la méthode de clairon d’André Trémine (éd. Robert Martin). Composées pour le tambour et le clairon, leur exécution exceptionnelle au clairon et à l’orgue convient plus particulièrement à cet hommage aux soldats.

Sortie prévue fin mai :

Hommage à nos soldats, Messe militaire et chants funèbres, éd. Diffusia, 1h 06mn.



mercredi 4 avril 2018

Enregistrement de chants parachutistes par le chœur de l’UNP-Centre



Ce jeudi 29 mars 2018 a été un grand jour pour les choristes du chœur régional UNP de la région Centre regroupant des adhérents des sections de Dreux, Chartres, Orléans, Blois,  Versailles et Paris. Réunis à la Chapelle Royale Saint Louis de Dreux, 39 d’entre eux accompagnés à l’orgue par Alissa ont réussi l’enregistrement audio d’un CD qui comportera 24 chants (13 religieux et 11 parachutistes). Ce CD devrait pouvoir être proposé au congrès national de l’UNP de Vannes-Meucon les 1er  et 2 juin prochains.

Il s’agit d’un très beau résultat qui est le fruit de répétitions assidues depuis plus de 3 ans à Dreux et à Orléans.  Les participants peuvent être fiers de leur travail, de leurs efforts et de leur constance. Commandé par un éditeur, l’enregistrement a été effectué par des preneurs de son professionnels. Il a commencé à 8h30 le matin pour s’achever vers 21h15 – soit presque 13 heures d’affilée – dans la Chapelle royale où la température n’a jamais dépassé les 5 degrés. Heureusement qu’une équipe de camarades et d’épouses dirigée par Daniel Berteaux a pu réconforter les uns et les autres avec une soupe chaude de qualité et bienvenue et des sandwichs lors de deux pauses.
Ce bel aboutissement choral ira bien  au-delà de notre région. Nous le devons à notre chef de chœur, Gérard Eiselé, à sa compétence musicale professionnelle, à son exigence, à son sens de la pédagogie, à sa passion pour le monde parachutiste et à ses chants. Il a bénéficié du soutien de Thierry Bouzard, docteur en histoire, chercheur passionné et auteur d’une anthologie des chants militaires. Le mérite est à partager avec Gérard Palais, le président de notre section de Dreux qui a initié et suivi sans relâche et avec persévérance les très nombreuses répétitions en sentant bien le bénéfice de cohésion et de rayonnement qu’une telle œuvre pouvait apporter à la vie de nos sections.
Le répertoire de ce CD comporte plusieurs singularités. Les chants religieux ont été adaptés à des mélodies parachutistes bien connues. « Para Bigeard descendu dans le vent » chant du 3e  RPC Algérie et « Djebels », deux chants oubliés et jamais enregistrés sont ressortis des tiroirs et pourront passer à la postérité pour les plus jeunes générations de paras. Quelques anciens s’en souviennent encore comme notre ami Hubert Penault. 
Que tous les participants, choristes ou non, soient remerciés pour leur engagement et leur enthousiasme. A ces remerciements, il convient d’associer la Fondation Saint-Louis qui a mis à notre disposition non seulement la Chapelle Royale de Dreux mais également les locaux chauffés de l’ancien évêché pour les deux pauses casse-croûtes. On y ajoutera bien évidemment notre organiste Alissa qui a accompagné avec le sourire nos chants jusqu’au bout de cette très longue journée ainsi que les deux preneurs de son, heureux d’être parmi nous et qui ont dit leur plaisir de travailler en notre compagnie. Enfin, on ne saurait oublier Gilles Allard,  le chef de musique de La Loupe, trompettiste de talent, qui est venu enregistrer en solo plusieurs titres de sonneries militaires et Bob Sokolowski qui a lu le poème déjà bien lointain « Les roses des parachutistes ».
Michel MARNEUR 
Source ICI

mercredi 14 mars 2018

Les instruments de musique oubliés ont la cote





Cabrette, serpent, ophicléide, bugle, basson… Non, ces termes ne désignent pas des espèces animales en voie de disparition, mais des instruments de musique vieux de plusieurs siècles. Tombés dans l’oubli, ils reviennent en force dans les orchestres et font frissonner les salles des ventes. En exclusivité, retour sur ces pièces qui ont la cote à travers la dispersion samedi 7 avril 2018 à Vichy et sur le Live d’Interencheres de deux collections d’instruments à vent…

Les instruments historiques intègrent les orchestres

De la Philharmonie parisienne au Konzerthaus de Berlin, l’orchestre Les Siècles, sous l’égide du chef François-Xavier ROTH, s’est donné un défi dès 2003 : jouer chaque répertoire sur les instruments historiques appropriés, mettant ainsi en perspective plusieurs siècles de création musicale. Depuis, la méthode a fait des émules et les plus grands musiciens l’adoptent, soucieux d’approcher au plus près les couleurs et le son originels de chaque morceau. « Ce regain d’intérêt a été initié par la redécouverte de la musique baroque. Ensuite, les musiciens se sont mis à jouer la musique romantique et celle des autres époques avec les instruments d’origine », explique Bruno KAMPMANN, expert en instruments à vent.
Dès les années 1950, les chefs d’orchestre et musiciens Gustav LEONHARDT, Nikolaus HARNONCOURT, Sigiswald KUIJKEN, suivis de Ton KOOPMAN ou encore Jordi SAVALL, s’emparent d’anciens clavecins, violoncelles, violes de gambe, ou diapasons et remettent à l’honneur les œuvres de BACH, HAENDEL, VIVALDI, et BUXTEHUDE. A rebours du progrès permanent, ils affirment ainsi un retour aux sources et préfèrent à l’interprétation moderne, une restitution dans la plus pure tradition. Un nouveau dogme qui gagne désormais le marché des instruments anciens, marqué par des prix croissants, touchant notamment les instruments de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.

Un marché particulièrement dynamique

« Ce marché est particulièrement actif, avec un public qui s’est diversifié ces dernières années », commente Maître Etienne LAURENT qui dispersera aux enchères le 7 avril à Vichy deux collections importantes d’instruments à vent : un ensemble de pièces anglaises et une autre collection, plus hétéroclite, comprenant aussi bien des guitares qu’un clavecin, des flûtes ou des harpes. Une vente qui témoigne du nouveau dynamisme du marché. « On retrouve notamment un cor naturel HALARY  (lot N° 360) estimé à 6 000 euros qui rappelle à quel point la demande est forte pour ce type d’instrument. Ils sont très rares et ils coûtaient moitié moins il y a encore sept ou huit ans », détaille l’expert Bruno KAMPMANN. Le cor naturel apparaît au XVIIIe siècle pour remplacer le cor de chasse (dit « cor baroque ») et animer les soirées mondaines. Il inspire alors les compositeurs romantiques les plus illustres, à l’image de Johannes BRAHMS (1833-1897) qui s’en fait le grand défenseur lorsque naît le cor à pistons au cours du XIXe siècle. Finalement remplacé à l’aube du siècle suivant, il connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. « Les cornets (petits cors) à pistons du XIXe sont eux aussi très recherchés. Ils permettent de rejouer la musique romantique de BERLIOZ (1803-1869) notamment. » Dans la vente du 7 avril, un cornet à trois pistons de KOHLER (lot N° 320) est ainsi estimé 2 500 euros.

La redécouverte d’instruments tombés en désuétude

L’engouement autour de ces instruments d’époque est tel que les facteurs actuels se mettent à les copier. « Le serpent par exemple est très à la mode, j’en joue d’ailleurs moi-même et des copies modernes sont aujourd’hui fabriquées, confie l’expert Bruno KAMPMANN. Celles-ci ont eu tendance à faire baisser les prix des pièces anciennes au cours des dix dernières années, mais leur cote a toujours été particulièrement soutenue et elle commence à remonter. Pour un serpent ancien de bonne qualité, il faut donc compter autour de 4 000 euros en fonction de l’état, et davantage s’il s’agit d’une pièce exceptionnelle. » Le 7 avril, seront ainsi proposés un serpent droit en laiton (lot N° 286) estimé 2 500 euros et un autre en forme de S, daté du XVIIIe et estimé 2 000 euros. « Le serpent fut créé au début du XVIIe siècle pour accompagner les chœurs d’église, avant d’être employé à la fin du XVIIIe siècle pour les chants militaires et révolutionnaires. C’est un instrument grave, à embouchure comme le tuba. Il a été peu utilisé dans la musique classique, mais mis à l’honneur dans une des œuvres majeures de BERLIOZ, la Symphonie fantastique de 1830. »
Au XIXe siècle, le serpent est remplacé par l’ophicléide, un instrument métallique muni de clés, permettant de jouer avec une plus grande justesse. Il est alors très employé dans la musique militaire, d’harmonie et de fanfare jusqu’à la Première Guerre mondiale où il est troqué pour le tuba à pistons, plus maniable.  « L’ophicléide connaît aujourd’hui un regain d’intérêt et la demande pour les pièces anciennes est très forte car, au contraire du serpent, peu de copies modernes sont fabriquées, explique l’expert. Les prix grimpent et rejoignent ainsi ceux du serpent qui coûtait plus cher jusqu’alors. Il faut aujourd’hui compter autour de 3 000 euros pour acquérir un bon ophicléide, alors qu’il y a encore sept-huit ans il se vendait autour de 1 000 euros, quand un serpent s’envolait à 5 000 euros. » En témoigne, une pièce exceptionnelle de la vente du 7 avril (lot N° 305), estimée 4 000 euros. « Elle fut fabriquée par le grand facteur lyonnais TABARD et elle est pourvue d’une étonnante tête de dragon, un décor très apprécié au XIXe siècle », précise Maître Etienne LAURENT. Un autre ophicléide très rare du facteur anglais GLYDE (lot N° 310) sera également mis aux enchères, estimé à 1 000 euros.

Des prix qui explosent pour les pièces les plus rares

« Parmi les instruments à vent, ce sont les instruments aigus tels que les trompettes, les flûtes, ou les clarinettes, qui restent les plus collectionnés, poursuit l’expert Bruno KAMPMANN. Leurs prix ont connu un léger infléchissement, mais ils remontent ces dix dernières années. » Toutefois, le marché des instruments anciens, jouet de l’offre et de la demande, est soumis aux mêmes règles que les autres : la rareté fait le prix. « La vente du 7 avril propose de nombreuses pièces très rares telles qu’un clavecin estimé à 15 000 euros (lot N° 95) ou une trompe de chasse (lot N° 355) qu’on ne trouve habituellement que dans les musées. Cette dernière fut fabriquée par la famille CHRESTIEN qui est justement l’inventeur de l’instrument. Elle est estimée 5 000 euros, mais elle pourrait bien s’envoler… », détaille Maître Etienne LAURENT. Le commissaire-priseur de Vichy voit souvent passer des pièces exceptionnelles et rarissimes, à l’image d’un basson fin XVIIIe adjugé en juin 2012 à plus de 70 000 euros. Sa vente du 7 avril sera une nouvelle occasion de prendre le pouls d’un marché en pleine expansion…

Source : Vichy enchères

jeudi 8 février 2018

8 février 1807, un musicien genevois participe à la boucherie d'Eylau

Le 8 février 1807 se déroulait la sanglante bataille d’Eylau, aujourd’hui Bagrationovsk, dans l’oblast de Kaliningrad. Les 35.000 hommes de la Grande Armée emmenés par Davout, Soult, Augereau, Murat et Ney sont épuisés par onze jours de marche dans la neige. Face à eux, 72.000 Russes et Prussiens sous les ordres de Bennigsen, Bagration et Barclay de Tolly. Les pertes sont considérables : dix mille tués ou blessés chez les Français, douze mille morts et quatorze mille blessés Russes et Prussiens. Un Genevois, Jean-Louis Sabon, né en 1791, surnommé “Petit Louis” participe à l’affrontement. Sabon était alors musicien et deviendra plus tard chef de musique dans le 69e régiment de ligne. Voici la description qu’il fait de cette boucherie :
J’avais 16 ans à peine, j’étais donc susceptible plus que d’autres, d’éprouver à la vue d’un pareil massacre une impression profonde, qui fit que j’en perdis le besoin de boire et de manger, et que je ne sentis plus la fatigue que j’éprouvais. Au bout de peu de temps je repris mon insouciance ordinaire, et je revis tout en beau comme par le passé. Quoique j’eusse sous les yeux un tableau hideux, dégoûtant, monstrueux ; il neigeait avec cela, puis il dégelait. On voyait là couchés plus de soixante bataillons carrés qui avaient été hachés par la mitraille et aussi par des charges de la grosse cavalerie des russes ; chacun était mort à son poste, depuis le soldat jusqu’aux serre-file, sergents-majors et officiers. La plupart des curieux reconnaissaient dans les morts des “pays”, des enfants de son village, des amis du collège”.

Notre “Petit Louis” va heureusement ensuite des jours paisibles dans une garnison de Silésie. Après la chute de l’Empire, il sert le roi Louis XVIII, toujours comme chef de musique puis à nouveau l’Empereur. Au moment de Waterloo, comme tous les musiciens, il est appelé à s’occuper des blessés. Fait prisonnier par les Prussiens, il est rapidement libéré. Il reprend du service  en France au sein du 1er Régiment suisse de la Garde royale de Louis XVIII au sein duquel une compagnie genevoise est commandée par le capitaine Frédéric-Louis Rilliet-Necker. Après d’innombrables péripéties au moment de la révolution de juillet 1830, “Petit-Louis” rentre à Genève dans les premiers jours de 1831. Les autorités militaires genevoises lui confient le 26 février 1832 la direction de la Musique militaire du Premier District, forte de 40 hommes. Dès cette époque aucune fête ou solennité genevoise n’est organisée sans que l’on mît sur pied la “Musique Sabon”, l’ancêtre de notre Landwehr actuelle – Orchestre d’Harmonie de l’Etat de Genève.
Source ICI

jeudi 11 janvier 2018

L'OTAN adopte un hymne officiel

Ce mercredi (3 janvier 2018), l'OTAN a, pour la première fois de son histoire, adopté un hymne officiel. L'« hymne de l’OTAN » a été composé par le capitaine André Reichling, chef de musique de la Musique militaire luxembourgeoise, à l’occasion du quarantième anniversaire de l’Organisation, en 1989. Il a depuis été joué à plusieurs reprises, notamment à la dernière réunion en date des chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Alliance, en mai 2017. 



Les premières propositions d'hymne remontent à la fin des années 1950. En 1958, Thomas Hildebrand Preston (Royaume-Uni) a composé une marche solennelle destinée à saluer l'arrivée de dignitaires au siège de l'OTAN, à Paris. En 1959, lors de la parade organisée pour célébrer le dixième anniversaire de l'Organisation, un orchestre et un chœur ont interprété un « chant de l'OTAN », dont la mélodie avait été composée par Hans Lorenz, capitaine dans l'armée de l'air allemande, et les paroles écrites par le capitaine Stephanus van Dam (Pays-Bas) et par Leon van Leeuwen (États-Unis). En 1960, Sir Edward Chilton, général de corps aérien dans l'armée britannique, a proposé un hymne pour l'OTAN, basé sur un arrangement du commandant J. L. Wallace combinant les hymnes nationaux des quinze pays qui formaient l'Alliance à l'époque. La pièce composée par le capitaine Reichling en 1989 est celle qui a eu le plus de succès et elle s'impose, près de trente ans plus tard, comme l'hymne de l'OTAN.
L'« hymne de l'OTAN » approuvé par le Conseil de l’Atlantique Nord ne comporte pas de paroles. Il a été écrit pour vingt instruments : un piccolo, une flute, un hautbois, trois clarinettes, trois saxophones, deux cornets, deux trompettes, un cor, un cor baryton, trois trombones, un tuba et une caisse claire. 
 Source : OTAN