samedi 4 juillet 2020

Le mythe du tambour

Du fait de son utilisation par l’armée comme instrument d’ordonnance à partir de la fin du XVe siècle, le tambour devient un repère culturel, développant un véritable mythe quand il est exploité par la propagande révolutionnaire. Ses répercussions ne se cantonnent pas à la céleustique, elles résonnent jusque dans notre histoire actuelle. Son importance est sous-estimée car le mythe du tambour a bloqué l'évolution des instruments d’ordonnance au XIXe siècle et permis la mystification des batteries napoléoniennes au début du XXe siècle. Le mythe du tambour méritait quelques éclaircissements ICI.


mercredi 3 juin 2020

CD promotion Uskub de l'EMIA

La promotion Uskub vient de réaliser un CD. La 58e promotion renoue ainsi avec une tradition qui semble de plus en plus difficile à tenir. Si un chant de promotion est bien réalisé et mis en ligne, le précédent CD avait été réalisé par la Nungesser (2014-2016). Cet effort est donc à signaler et rend compte de la pratique du chant aux écoles. En effet, cette activité relève du volontariat. Les élèves doivent prendre sur leur temps libre pour constituer une chorale, sélectionner un répertoire, organiser des répétitions pour en arriver à enregistrer un produit de qualité et ensuite le vendre pour essayer de rentabiliser un investissement qui est aussi financier.
La situation du chant aux écoles n’est pas anodine, elle reflète celle de l’ensemble de l’armée avec un emploi du temps de professionnels qui laisse toujours moins de place au chant et une pratique qui se dégrade (ralentissement de la vitesse d’exécution, fins de vers corrompus, …). La concurrence des loisirs numériques à travers les smartphones pendant les temps de pause ne facilitant pas les activités de cohésion.
Dans ce contexte, les élèves de la Uskub ont produit un beau CD. Les titres reflètent les tendances actuelles : Chant de la promotion Uskub EMIA, récit des combats d’Uskub, Sarie Mares, Marche des dolos (la), Nouveau bahut, Capitaine Maine  EMIA, Africains (les), Régiments d'Afrique (les), Larmes d’ivoire (les), Corsaires (les), Cor (le), Ma France
Dans la bonne tradition des écoles, la chorale a enregistré un bonus caché après Ma France. V’la du bon fromage , vieux chant des fantassins remontant milieu du XIXe siècle, ne figure donc pas dans la liste des titres enregistrés.
On aurait attendu des chants plus directement en rapport avec les combats et les unités qui y ont participé, mais le contexte actuel et les difficultés d’accéder aux rares archives existantes excusent largement leur absence. Cet enregistrement va pouvoir servir de repère pour les officiers de la promotion pendant toute leur carrière et s’inscrire dans la longue lignée de leurs prédécesseurs ICI.


vendredi 29 mai 2020

Cezayir

La vie est un éternel combat et la paix n’est qu’un intermède entre les affrontements. Actuellement en Turquie, une des chansons populaires remonte à 1830. Elle avait été composée pour pleurer la perte d’un territoire contrôlé par l’Empire ottoman. A l’époque l’Algérie n’existait pas, le dey d’Alger ne contrôlait que la bande côtière et son pouvoir est contesté. Le trafic des esclaves et la piraterie sont alors en déclin. La prise d’Alger en 1830 met ainsi fin à la piraterie qui empoisonnait la Méditerranée et ses côtes septentrionales depuis l’Antiquité. 
La perte ressentie par l’Empire ottoman est traduite par la création de cette chanson. Elle est actuellement populaire en Turquie, mais aussi en Algérie dont les populations pleurent ainsi leurs anciens maîtres. La Sublime Porte a été alors incapable de porter secours à son territoire.
En rediffusant cette chanson, la Turquie réactive un front musical qui illustre l’importance de ce moyen d’expression entre les peuples.


samedi 21 mars 2020

Chansons et musiques de la 1re GM sur Gallica

Le chant militaire n’est pas souvent présenté. La sélection offerte par la BnF n’en est que plus intéressante. On peut y entendre de nombreux enregistrements d’époque, français et anglo-saxons. On pourra regretter que pour un conflit mondial, on ne retrouve pas plus de chants des alliés comme des adversaires. La chanson étant un moyen d’expression, elle engage un dialogue et en temps de guerre, elle dessine un véritable front musical.
La sélection de la BnF est une occasion d’entendre ces enregistrements anciens. On ne trouvera pas de véritables chansons du front, car le poilu ne pouvait pas enregistrer dans les tranchées. Ces chansons sont dans les journaux du front et les cahiers de chansons. Les enregistrements étaient réalisés par des professionnels, donc bien loin de la réalité du répertoire vivant des soldats.
La plupart de ces chansons ont disparu du répertoire. Seule quasiment subsiste Vive le pinard, toujours chanté : « Sur les chemins de France et de Navarre,/ Le soldat chante en portant son bazar,/ Une chanson authentique et bizarre,/ Dont le refrain est : “Vive le pinard !”./ Un ! Deux !/ Le pinard c’est de la vinasse,/ Ça réchauff’/ Là oùsque ça passe… » 
Son écoute est ICI.


Télescopage des répertoires, on trouve la Sidi-Brahim (1847) qui côtoye Le Régiment de Sambre et Meuse (1870), Le Clairon de Déroulède (1872) et Serrez vos rangs de Bruant (1882), ainsi que Madelon (1914). On trouve aussi des titres oubliés comme Le Rhin allemand dans plusieurs versions (Félicien David, Bentayoux, Fauré), Valmy, En avant à la baïonnette, …
Il est évidemment compliqué et même impossible de vouloir présenter l’ensemble du répertoire chanté pendant la guerre. D’autant plus qu’il variait d’un front à l’autre, suivant les périodes et les régiments. L’exploration est éclectique, pas toujours très rationnelle, mais de toute façon enrichissante. De plus, la sélection offre aussi des musiques. 

La visite de la sélection de la BnF commence ICI.


mardi 3 mars 2020

2020 : 175e anniversaire de l’adoption de l’orchestre d’Adolphe Sax par l’armée française

Les répertoires musicaux militaires sont ostracisés et méprisés par la culture française d’aujourd’hui. Cette attitude témoigne d’une profonde ignorance de l’apport des militaires à la musique. En témoigne un anniversaire important oublié des commémorations.

Le 19 août 1845, un décret ministériel fait entrer en service l’orchestre et les instruments de musique proposés par Adolphe Sax (Journal militaire officiel, 2e semestre 1845, p. 197).
Cet événement oublié a été pourtant considérable, puisqu’il est celui de l’entrée en service du premier orchestre de plein air fonctionnel. Jusque là, la musique en extérieur ne s’entendait pas. Les révolutionnaires de la Fête de la Fédération échouent à faire entendre de la musique. La puissance sonore des différents instruments était inégale. Compositeurs et musiciens suivaient la compétition que se livraient les facteurs d’instruments dans toute l’Europe, clés, pistons, travail du cuivre, diapason, métronome, … C’est le clarinettiste virtuose et facteur de génie belge, Adolphe Sax, qui est appelé par l’armée française pour développer ses projets. Il tenait de son père une échelle de perce des tubes de cuivre lui permettant de constituer des familles d’instruments utilisant les mêmes doigtés. La famille des saxophones est la plus célèbre.


C’est une véritable révolution. Les orchestres de plein air peuvent reproduire les sensibilités de l'orchestre en salle. Pour la France de 1845, puis 1854, c’est une véritable revanche culturelle sur Waterloo. 
Il ne s’agit évidemment pas de militarisation de la société puisqu’en 1900 l’armée ne disposait que de 400 orchestres pendant que les civils en alignaient près de 7000. De plus, le répertoire est essentiellement civil car il reprend très majoritairement les grands airs de l’Opéra jusqu’aux plus populaires mélodies des cafés-concerts.
L’armée française, ses instruments de musique et son modèle d’orchestre servent alors de modèle au monde entier.
Les grandes villes d’Europe vont toutes construire des kiosques à musique permettant de faire entendre aux populations les compositions des plus grands musiciens de l’Opéra, comme des airs de café-concert. Pour la première fois dans l’histoire, ces musiques sont accessibles gratuitement à tous sans distinction de classe, de profession, d’âge, …
Suivant les armées européennes, des orchestres vont pouvoir jouer les plus belles compositions sur tous les continents, exerçant un pouvoir de séduction injustement sous-estimé.


La saga de l’élaboration de cette formation est présentée dans L’Orchestre militaire, histoire d’un modèle (Beauchesne, 2019, 360 pages).

dimanche 2 février 2020

Chants militaires – Enregistrements d’exception

En vue d’améliorer les connaissances sur les chants militaires, des enregistrements exceptionnels sont mis en ligne à partir de cette chaine YouTube ICI. L’internaute y trouvera non seulement des enregistrements, mais aussi des liens avec un site présentant les historiques des titres disponibles. Un forum est ouvert pour ceux qui auraient des éléments nouveaux à apporter sur les titres présentés, car en matière de répertoire oral, les connaissances ne peuvent pas être considérées comme définitives.
Pour commencer, il apprendra pourquoi Eugénie, le célèbre chant légionnaire, a été composé en 1959 ICI.  Il lira le 1er historique des Dragons de Noailles avec l’origine de la mélodie, bien plus récente que ne le laisse penser le titre ICI
Le chant militaire français est un patrimoine vivant, le dernier chant de métier encore en usage au XXIe siècle. Si les soldats apprennent les chants à l’imitation, ils ne pourront que mieux chanter en connaissant l’histoire de ceux qu'ils interprètent.
Ces chants vont donc sortir des brumes dans lesquels ils sont restés enveloppés.
A titre d’exemple, voici le premier enregistrement (1950) de Contre les Viets :


jeudi 2 janvier 2020

Avec Booda, la Légion se lance dans le rap

Pour Noël, les légionnaires ont l’usage de créer des sketches pour animer les festivités de la soirée. Cette année, le bureau de recrutement du fort de Nogent s’est installé au Fort-Neuf de Vincennes pour revisiter le Boudin en rap. Postures, casquettes, capuches, armes, tout y est sauf les femmes (spécificité légionnaire)… Si l’objectif déclaré est de recruter des Français, ce sont plutôt ceux des banlieues qui sont visés.
Ce n'est pas d’hier que les chants de la Légion font des emprunts aux répertoires étrangers (suisses, allemands, russes, …), on connait même un chant mongol ICI.
Le morceau est titré Booda, autant une référence au refrain de la Légion, le Boudin, qu’au rappeur Booba ou encore au Bouddha des légionnaires asiatiques.
Encore une belle démonstration de la capacité d'adaptation de la Légion.



La Légion étrangère existe déjà longtemps.
T'as entendu parler des Compagnons du Donjon
Les gars du monde entier y viennent pour réussir,
Mais pas que les étrangers, les Français aussi.
Ici il n’y a pas de Blacks, de Russkovs ou de Bougnoules :
Soit tu es un bon mec, soit tu es un nul.
Personne ne bénéficie d’un traitement de faveur,
Donc pour passer les tests, soit cool, soit fort!
Et pour entrer chez nous ce n'est pas difficile :
Vous passez trois tractions et un test physique ;
Chez nous il est rapide, le parcours de sélection
Trois semaines de test et on passe à l’action !
Ami : Guyane, Djibouti, Irak, Afghanistan :
Tu auras des histoires à raconter pour tes enfants
Tu aimes les voyages tu cherches la cohésion.
Allez, ram’nez vos fesses chez nous à la Légion !

Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin !
Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin !
Tiens, tiens, voilà du booda, voilà du booda, voilà du booda !
Tiens, tiens, voilà du booda, voilà du booda, voilà du booda !

Salut mon frère ! ça va mon fellow ?
Et vive le recrutement de la Légion étrangère !
Tu veux de l'action, tu aimes les efforts ?
Viens chez nous rejoindre nos valeurs !
Si tu n'es plus content de vivre dans ta cité,
Tu as entendu d'Honneur d'Fidélité :
C'est pas pour les paroles, c'est pour la vie entière
Et ça c'est la devise de la Légion étrangère
Il faut parfois aimer le parcours du combattant,
Tu vas trouver des entraînements, ça va te faire du bien.
Mais un soldat d'élite, il s'entraîne avec le cœur,
Et sans attendre, chez nous, il devient très fort.
On s'en bat les couilles de ce que t'as fait dans le passé ;
On n'abandonne jamais ni nos morts ni nos blessés
On aime réchauffer au soleil nos carcasses,
Allez, ramène ta gueule et profite, les temps changent !
Ecoute ce que je vais dire, et guère de discussion :
On garde le caractère sacré de la Légion
Y'a des légionnaires qui deviennent des Français,
Non par le sang reçu, mais par le sang versé.

Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin !
Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin !
Tiens, tiens, voilà du booda, voilà du booda, voilà du booda !
Tiens, tiens, voilà du booda, voilà du booda, voilà du booda !

Salut mon frère, ça va mon fellow ?
Et vive le recrutement de la Légion étrangère
Tu veux de l'action, tu aimes les efforts ?
Viens chez nous rejoindre nos valeurs !