dimanche 15 septembre 2019

Le chant militaire, un outil indispensable à tous les guerriers

Les guerriers chantent depuis que le combat existe, depuis que les peuples, que les armées s'affrontent. Les techniques, l'armement, l'équipement, les uniformes, tout a suivi l'évolution des sociétés et des civilisations. Pourtant les chansons sont rarement étudiées, les anciennes ont même disparu, mémoire orale considérée comme inintéressante par les chefs de guerre comme les historiens. La chanson du guerrier a conservé son rôle à travers les âges, essentiel et inchangé chez le soldat moderne. Les occasions de confrontation de guerriers équipés d'armes primitives face à des soldats de l'ère industrielle sont exceptionnelles et fugaces. Elles ne permettent généralement pas au chant de s'exprimer. Nous avons un exemple de cette confrontation des répertoires à la bataille de Rorke's Drift, les 22 et 23 janvier 1879, entre les régiments zoulous équipés de boucliers de cuir et de sagaïes contre des fantassins britanniques armés de fusils à répétition. 
dans la vidéo qui suit, en allant à  7’10”, on observe un véritable dialogue entre les guerriers qui vont s'affronter à mort. Car l'enjeu est la survie et personne ne souhaite mourir. Les impis zoulous entonnent leur chant de guerre avant l'assaut. L'objectif est motiver les guerriers qui vont se battre. En très nette infériorité, les Britanniques sont impressionnés, presque démoralisés par le chœur de leurs ennemis. Leur chef demande alors à l'un d'eux d'entonner un chant qu'il connait. Le soldat gallois entonne alors Men of Harlech, repris par tous les autres. A mesure qu'ils chantent, les soldats britanniques reprennent confiance, retrouvent le moral. Le chant a joué son rôle psychique. 






Bien évidemment, les guerriers ne comprennent pas la langue de leurs ennemis, mais peu importe car le chant joue à la fois son rôle d'outil de cohésion au sein de la troupe qui le chante et de communication en montrant à l'adversaire qui ne comprend pas les paroles le niveau de cohésion et la détermination de ceux qu'il va affronter.
A travers les âges, quelque soit le niveau de développement technologique, le chant demeure un outil indispensable aux guerriers. Le combat de Rorke's Drift en apporte une éclairante et exceptionnelle démonstration.

mardi 10 septembre 2019

Un orchestre militaire aurait évité l'incident diplomatique

L'ouverture du match France-Albanie a ridiculisé la France, la Fédération française de football et l'organisation du Stade de France devant le monde entier, parce que les organisateurs ont remplacé l'orchestre militaire qui ouvre habituellement ces festivités sportives internationales par un vulgaire fichier-son.
Très forts quand il faut s'en prendre aux supporters, les organisateurs sont incapables de distinguer les hymnes nationaux. Plutôt que de se mêler de ce qui ne les regarde pas, ils feraient de laisser faire les professionnels.
L'explication détaillée du scandale est ICI.


samedi 7 septembre 2019

Roger Boutry (1932-2019)


7 septembre 2019, décès de Roger Boutry. compositeur, chef d’orchestre et pianiste virtuose. 
Né à Paris le 27 février 1932, il étudie au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dont il est lauréat de huit premiers prix. Grand prix de Rome en 1954 et finaliste au oncours Tchaïkovsky à Moscou en 1958. Guerre d'Algérie pendant deux ans. A partir de 1963, il est en charge de la rédaction des épreuves d’écriture pour les concours de recrutement des chefs de musique des Armées.
C’est en janvier 1973, après un concours sur titres, qu’il est nommé chef des musiques de la Garde républicaine et dirige ainsi jusqu’en février 1997 l’orchestre d'harmonie, l’orchestre symphonique, l’orchestre à cordes et les formations de musique de chambre.
Chef de l'orchestre de la Garde, il doit se plier au caprice du Président Giscard d'Estaing qui demande de ralentir le tempo de l'hymne national dans les exécutions publiques, pour lui donner la solennité d'un Te Deum.
Il effectua quelques tournées prestigieuses : en Union Soviétique en 1973 (avec deux soirées mémorables à Moscou et Leningrad), et en Amérique en 1975, où Columbia avait organisé à l’occasion des fêtes de l’Indépendance une série de trente-quatre concerts, culminant avec une prestation au Carnegie Hall de New York. Premier chef d’une musique militaire à avoir le grade de colonel, il est nommé président honoraire de l’Orchestre de la Garde républicaine. 
Elu Personnalité de l’année 1989 pour l’ensemble de ses activités artistiques. Jury aux examens des CNSM de Paris et Lyon - Président de nombreux concours nationaux et internationaux. 
Il laisse plus de soixante œuvres musicales, dont la Marche pour les Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble, en 1968, qui fut sélectionnée sur concours.


jeudi 5 septembre 2019

Musiques impériales

Ce n'est pas si souvent que l'on peut entendre un programme de musiques du 1er empire joué sur des instruments de l'époque et établi par des spécialistes du répertoire.
Enfin des musiques et des chansons authentiques, dans les sonorités qu'elles pouvaient avoir.
Le programme évoquera le trompette-major Krettly, des guides d'Italie, d'Egypte et des chasseurs à cheval de la Garde impériale, dont les mémoires furent publiés par Grandin en 1838 ICI.
L'occasion est exceptionnelle et mérite d'être signalée.
Le concert est en entrée libre, raison de plus pour en profiter.


22 septembre 2019 – 16h30
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
Détails ICI.

jeudi 22 août 2019

Les chants des supporters dans le collimateur

Ça devient très compliqué. La fessée et toute forme de violence sont interdites à l'égard des enfants, mais les instances du foot sanctionnent les supporters pour des “chants homophobes” qui sont en réalité de simples et traditionnels slogans utilisant des grossièretés («enc… !»). La présidente de la Ligue de football professionnelle relaie la réaction de la ministre des Sports stigmatisant ces «violences» et «propos discriminatoires» et élargissant le champ des mesures envisagées sur les fumigènes et les interdictions de déplacement ICI.
Le supporter fait une nouvelle fois figure de bouc émissaire d'une société incapable d'assurer la paix civile. Cette persécution du supporter s'inscrit dans la dénonciation de toute expression de cohésion comme on en retrouve chez les militaires ICI.
Au lieu de s'en prendre aux supporters, l'Etat ferait bien de montrer l'exemple. Il y a longtemps que les profs ne peuvent plus sanctionner leurs élèves dans les cours de récréation, les parents n'ont plus le droit de réprimander leurs enfants, dans ces conditions on se demande bien pourquoi s'en prendre à certains supporters et pas à d'autres ?
Car on n'a pas entendu ces femmes intervenir lors des manifestations de supporters de l'équipe d'Algérie après la victoire, sur les Champs-Elysées et dans toutes les grandes villes de France. En arborant le drapeau du FLN, des voitures ont été incendiées, des magasins pillés et des slogans insultant la France n'ont pas fait l'objet de mesures particulières ICI.



Le supporter, comme le soldat, fait partie des derniers à utiliser et entretenir un répertoire de chants, ainsi qu'à faire la démonstration publique de mouvements collectifs de cohésion. Ces techniques d'expression ont été étudiées par McNeill, montrant leur importance dans la vie des sociétés ICI.

lundi 5 août 2019

Complainte des templiers : Franck Ferrand n'est pas musicologue.

Dans son émission sur les templiers de mai 2018 sur Europe 1, Franck Ferrand met en illustration sonore la Complainte des templiers, sans indiquer l'origine de l'enregistrement. Il qualifie l'interprétation de « chant nazi ». Manifestement, il ne connait rien à la chanson et se permet un amalgame injustifié avec une composition récente destinée au répertoire scout. La chanson est interprétée par le Chœur de la Joyeuse garde, dédié au répertoire populaire, scout, militaire, à boire, … Rien qui concerne LHLPSDNH (la période sombre). Comme quoi, on peut faire des émissions historiques intéressantes et se laisser à répandre des clichés relevant de l!ignorance ou de la calomnie.
En réalité cet amalgame ridicule n'est pas innocent. Il correspond au même état d'esprit qui dénigre la musique militaire. Il serait temps que les répertoires encore chantés ne soient pas systématiquement déconsidérés. Ces chants sont essentiels pour créer du lien collectif à une époque où la population se contente de consommer passivement de la musique au lieu de la pratiquer. Le chant étant encore le moyen le plus simple et le plus généralisé de faire vivre la musique.




lundi 15 juillet 2019

L’EMIA chante sur les Champs au défilé du 14 Juillet

Le chœur de l’EMIA a interprété Ô Douce France, une chanson composée par le capitaine Jean Lamaze en 1948, devant la tribune officielle à la fin de la cérémonie, juste avant la Marseillaise.
Cette prestation, complétée par l'hymne national juste après a montré qu’il existe des chœurs militaires de qualité dans l’armée française. Ils ont trop rarement l’occasion de se produire en public. Outre l’EMIA plus largement qui fournissait l’effectif principal, on pouvait entendre des choristes des promotions issues de l’ESM, l’ENSOA, Polytechnique, l’EOGN, Navale, l’Ecole de l’Air et du Prytanée. 
C’est probablement la première fois que ces écoles chantent ensemble. Elles illustrent la pratique du chant dans l’armée française. Elles illustrent aussi le potentiel du chant militaire car malheureusement l‘absence de choristes n’appartenant pas aux écoles montre aussi que le chant en corps de troupe est plus fonctionnel qu’esthétique. La détérioration de la pratique du chant est constatée depuis des années sans qu’un remède soit apporté. Dernier répertoire de métier, outil de cohésion et d’expression du moral des soldats, le chant subit la concurrence des nouveaux loisirs numériques. Comme dans les milieux civils, il est plus consommé que pratiqué.
Cet exemple exceptionnel lors du défilé du 14 Juillet montre que les compétences existent toujours dans l’armée française et que le chant militaire est capable de plaire et d’émouvoir un public civil.
Avec un tel potentiel, il devrait être facile de promouvoir plus souvent de belles prestations de chant choral. Le répertoire des armées est abondant et varié dans toutes les armes et largement capable de réjouir les cœurs de la population.


dimanche 14 juillet 2019

Le Forestier réécrit son histoire !


“Parachutiste”, la chanson… La réalité ne serait que subjective ? Hallucinante l'explication donnée par Maxime Le Forestier dans l'émission de Taddeï, le 07/07 (à partir de 48'34", aller à l'essentiel ICI). Le chansonnier a été mal compris ! La chanson emblématique de l'antimilitarisme des années 1975-1980 n'était que le portrait d'un «type formidable», «d'un exceptionnel militaire». Vouloir faire croire avec 44 ans de distance qu'il faisait un éloge des paras alors qu'il n'avait jusqu'ici jamais contesté l'interprétation ordinairement admise, relève au minimum de la “désinformation positive”.

Sur la même antenne en septembre 1975, le Sgt Dupuy du Comité de soutien à l'armée était venu expliquer à l'artiste ce que lui et ses camarades pensaient de sa chanson. Avec sa nouvelle version, le chanteur aurait évité quelques baffes… Il le fait exprès ou il continue de prendre les paras pour des demeurés ?





1. Tu avais juste dix-huit ans
Quand on t'a mis un béret rouge,
Quand on t'a dit: "Rentre dedans
Tout ce qui bouge."
C'est pas exprès qu' t'étais fasciste,
Parachutiste.

2. C'est plus qu'un travail de nana
D' commander à ceux qui savent lire,
Surtout qu' t'as appris avec moi
Ce que veut dire
Le mot "antimilitariste",
Parachutiste.

mercredi 10 juillet 2019

Expo au Musée de l’Armée : Les canons de l'élégance

« Mangez bien, vous ferez de beaux morts ! Ça les démoralisera ! » disait le capitaine Stéphane à ses maquisards. Dans cet esprit, le Musée de l’Armée organise à la rentrée une exposition sur l’élégance militaire. Sujet emblématique, le prestige de l'uniforme, et même avant l'uniforme si l'on se réfère aux tenues excentriques des lansquenets. 
Au Moyen-âge, sous l'Antiquité et incontestablement de tous temps, les guerriers rivalisaient de panache dans leurs tenues. Avant les batailles, quand les troupes se mettaient en place, des champions à l'équipement étincelant venaient provoquer le champion de l'armée ennemie pour faire le spectacle en attendant que les armées s'affrontent. Le tournoi en a été une réminiscence. Les uniformes présentés sur les estampes ne traduisent pas l'état des tenues après plusieurs jours d'étape soumis aux intempéries en campant sous la tente. Les vivandières étaient là pour redonner du lustre au soldat qui va affronter la mort. 
La préoccupation n'a pas changé. Au début de la guerre d'Algérie, Bigeard fait retailler les treillis de ses paras et couper un modèle spécial de casquette pour les distinguer des autres. L'exemple sera tellement suivi que les tenues camouflées vont être longtemps prohibées en métropole. Plus que les fanfreluches, les plumes ou les brandebourgs, le soldat se respecte, estime son adversaire et donc le montre avec élégance et ostentation. L'exposition présente des armes d'honneur ainsi que des trompettes d'honneur, il y avait aussi des baguettes pour les tambours. A ne pas manquer. 

Musée de l’Armée, détails ICI.
Tous les jours de 10h à 17h Du jeudi 10 octobre 2019 au dimanche 26 janvier 2020

mercredi 19 juin 2019

Christian Marcadet (1945-2019)

Historien de la chanson, Christian est mort le 16 juin après cinq années de lutte contre un mal inexorable. Collectionneur, historien précis, universitaire ouvert aux débats, toujours prêt à échanger surtout quand il y avait confrontation des idées. Jamais choqué a priori par une hypothèse originale, et il faut bien en faire pour essayer de comprendre. Autant de qualités qui en font un personnage rare dans le climat actuel. Nous n'échangions pas souvent vu que nos travaux ne concernaient pas les mêmes répertoires, mais nos échanges étaient toujours fructueux et constructifs, encore récemment.