vendredi 6 mai 2022

Pierre Sellier, le clairon de l'armistice

Cet ouvrage est une fenêtre ouverte sur l'histoire. Car il fait entrer dans les détails d'un événement archi-connu de tous : la sonnerie de clairon qui marque le fin de la 1re Guerre mondiale. Le lecteur est plongé dans le déroulé des événements, beaucoup moins connu. Les auteurs nous présentent les personnages, d'un côté comme de l'autre de la ligne de front. Ils sont minutieusement entrés dans la petite histoire, c'est là le grand mérite de ce travail, montrer que derrière les grands personnages, il y a ceux qui opèrent sur le terrain, ne recherchent pas la notoriété mais font leur travail. Pierre Sellier est l'un d'eux. Les sources ont été explorées, les archives familiales, les journaux de marche des unités, rien n'a été laissé au hasard. La collecte permet d'obtenir le profil du personnage, rien d'extraordinaire. Une famille ouvrière franc-comtoise, marquée par l'annexion de l'Alsace, une formation au clairon dans la prime jeunesse par tradition familiale. Incorporé au 172e RI en avril 1913, il devient clairon “en pied” en février 1915 et ne sera démobilisé qu'en août 1919.

Septembre 1914 en Alsace, il est blessé au Bois d'Ailly en octobre, il est à la butte de Souain en Champagne en septembre 1915. En juin 1915, il est à Verdun au fort de Vaux. En septembre, il est blessé lors de l'offensive de la Somme. En mai 1917, il est blessé au Chemin des Dames. En avril 1918, il est blessé en avril 1918 en Lorraine et nommé caporal-clairon en mai. La position de son régiment et les circonstances font qu'il est désigné pour sonner le Cessez-le-feu le 7 novembre pour le convoi des plénipotentiaires allemand. La désignation du trompette de uhlan qui accompagne la délégation montre des usages militaires différents de l'armée allemande. 

Il reçoit la Légion d'honneur en février 1926. Il décline une tournée aux Etats-Unis, mais intervient volontiers dans les cérémonies patriotiques et offre son clairon au Musée de l'armée, où l'on peut toujours le voir. Il est mobilisé en 1939 au 7e Bataillon d'ouvriers d'artillerie. Il rejoint le maquis en 1944, puis s'engage dans la 1re armée du Gal de Lattre à l'âge de 52 ans. Il décède en 1949. 

Le portrait du clairon Sellier est celui de n'importe quel autre clairon de l'armée française, un soldat qui remplit sa mission sans discuter, même s'il doit s'exposer au danger. Il n'a jamais revendiqué la notoriété dont il a bénéficié et n'a jamais cherché à en tirer profit. C'était, il y a à peine plus d'un siècle. Un beau travail d'historiens. 

Damien Charlier et Eva Renucci, Pierre Sellier, le clairon de l'armistice, Le Livre d'histoire, 2019, 168 pages. A commander ICI.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire