Injustement oublié, le commandant Lamaze a
exercé une influence certaine sur le chant militaire qui se fait encore
ressentir actuellement puisqu'il est l'auteur de plusieurs chants toujours
interprétés. C’est la raison pour laquelle il lui est ici attribué le titre de
chef de chœur qui n’existait pas et qu’il n’a jamais revendiqué.
Lamaze laisse plusieurs recueils de chants et
des enregistrements de grande qualité. Il a tenté d'implanter le chant choral
dans l'armée française, sans succès pour les raisons que nous verrons.
Ce portrait est un hommage, il était plus que
temps de sortir ce grand vulgarisateur du chant militaire de l'oubli.
Biographie
Jean Edmond Lamaze est né le 8 janvier 1912 à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle). Il devient pupille de la Nation à la mort de son père tombé pendant la Grande Guerre. Il s'engage au 3e régiment de chasseurs d'Afrique en 1932, devient sous-lieutenant en 1937. C'est quand il est instructeur à l'école des cadres de Cherchell – il est nommé en 1946 –, qu'il réalise un carnet de chants intitulé Le Chant choral. L'introduction propose une méthode de chant choral “élaborée au cours de deux années d'instruction, à plus de 3000 stagiaires”.
Nommé commandant en 1953, affecté à l'école
d'application de l'artillerie en 1958, il réalise un 45 tours L'Artilleur de
Metz (Decca 451.018) et le 25 cm Sur la route de Dijon (Decca 123.913). Lamaze
n'est pas parachutiste, mais cela ne l'empêche pas de réaliser un 45 tours avec
le 3e RPC, Chants de marche et de bivouac (Pathé EA 202). Il est ensuite muté
au Centre d'entraînement des moniteurs de la jeunesse d'Algérie (CEMJA) d'Issoire
en 1961, il enregistre alors un nouveau 25 cm, Des rires et des chansons (Pathé
ST 1155). C'est aussi à cette période qu'il publie un recueil de chants militaires
aux éditions Chiron, Chants, chansons et chœurs de l'armée française, Chiron,
1961, 210 pages.
Il quitte le service actif en 1963 et décède à
St-Cyr-sur-Mer (Var) en 1995.
Dès son premier recueil de chants, Lamaze
montre son souci non seulement du répertoire de chants militaires, mais aussi
d'une belle interprétation par un enseignement des techniques du chant choral
auprès d'une troupe dont il connaît l'ignorance en matière musicale. Il
n'effectue pas de recherches particulières sur le répertoire militaire, mais
compose lui-même des chants. Les soldats chantent toujours Rien ne saurait
t'émouvoir, créé à la fin des années 50 et Ô douce France, publié pour la
première fois dans le recueil édité à Cherchell. C'est probablement aussi
Lamaze qui diffuse La Sentinelle au sein du répertoire militaire bien qu'il
s'agisse d'un chanson composée par le Père Sevin en 1919 (cf. Les chansons des
scouts de France, éditions SPES, 1936).
Les compositions de Lamaze sont marquées par
son époque. Il est probablement passé par les scouts, comme le laisse à penser
sa sélection de chants de bivouac dans son recueil de 1961. La veillée est un
temps fort de la vie du camp chez les scouts. Elle a rarement sa place chez les
soldats, en tout cas certainement pas avec la partie spectacle autour du feu.
Ses chansons portent la marque du répertoire
militaire métropolitain de l’après-guerre. Les thèmes évoqués, sont la femme,
le soldat fier de sa condition, l’entrain et la gaieté. Sa seule chanson
nostalgique est aussi celle que les soldats ont intégrée à leur répertoire : Ô
douce France.
Bien qu’en contact avec les paras et au fait
des derniers enseignements militaires – il suit une formation au centre
d’instruction de l’arme psychologique en 1958 –, il ne perçoit pas l’évolution
du répertoire opérée en Indochine. Aucun des nouveaux chants idéologiques créés
par les légionnaires et les parachutistes ne figurent dans son recueil de 1961.
Officier sorti du rang, il connaissait bien le
troupier français ce qui ne l’a pas empêché de mettre au point une méthode de chant choral
vouée à l’échec. Le conscrit français n’a pas de connaissance ni de pratique
musicale. De plus, le commandement ne manifeste pas d’intérêt pour la pratique
du chant. Il n’encourage donc pas les efforts du commandant Lamaze ni ne créé
de relais pour l’enseignement du chant. Lamaze développe ses travaux sur le
chant à la faveur de ses affectations dans les centres de formation, mais il ne
se voit jamais confier de poste correspondant à ses activités musicales. Sa
méthode de chant polyphonique était néanmoins suffisamment connue pour figurer dans
le recueil de chants de l’école d’application de l’infanterie en 19791980 et en
faisant expressément référence à son concepteur.
L’initiative du commandant Lamaze en faveur du
chant militaire n’a pas d’équivalent au sein de l’armée française. Nous donnons
donc la liste de ses enregistrements et de ses recueils de
chants.
Les recueils de chants et les enregistrements
du commandant Lamaze sont rassemblés et présentés ici pour la première fois.
Recueils de chants
Chants et chansons de l’armée française, éditions Chiron,
1961, 210 pages.
Ce recueil est la réactualisation des deux
recueils publiés par le secrétariat à la Guerre en 1942 et 1943. Il est
complètement revu par Lamaze. Si ce n’est pas une édition officielle comme les
précédents, il montre néanmoins que Lamaze faisait, en quelque sorte, autorité
en matière de chant militaire. Les chants sont accompagnés de leur partition.
La méthode de chant polyphonique figure en introduction et cite comme modèle le
25 cm Sur la route de Dijon réalisé par Lamaze et édité par Decca.
Marseillaise (la) • Sambre et Meuse • Chant du
départ • Chant des girondins • Alsace et la Lorraine (l') • Galette (la) •
Hymne de l'infanterie de marine • Boudin (le) • Sidi-Brahim • Marche des
zouaves (la) • Marche des tirailleurs • Casquette (la) • Marche du 1er commando
de France • Rien ne saurait t'émouvoir • Nous les fusiliers marins • O Saint Georges
• Je suis revenu • Marche de la 2e DB • Colonne (la) • Artilleur de Metz (l') •
Africains (les) • Partisans (les) • Fanfan La Tulipe • Gai luron des Flandres
(un) • Ma petite Jeannette • Jeanneton prend sa faucille • Allons dans les bois
ma mignonnette • Alouette • En avant parcourant le monde • Danaé (la) • Sur les
bords de la Loire • Passant par Paris • Piémontaise (la) • Sur la route de
Dijon • Compagnons (les) • Sur la route de Louviers • Père Bacchus (le) • Ah
que nos pères étaient heureux • Ne pleure pas Jeannette • Auprès de ma blonde •
Marche des jeunes • Madelon (la) • En passant par la Lorraine • Fanchon • M'sieur
de Turenne • Cuirassiers (les) • Corsaires (les) • Allobroges (les) • Fille du
roi d'Espagne (la) • Gars Pierre (le) La Marie • Marchand de bonheur (le) •
Chantons pour passer le temps • Sire de Framboisy • chèvre (la) • Bourguignonne
(la) • Chevaliers de la table ronde • Hardi les gars • Au trenteetun du mois
d'août • V'la l'bon vent • Son voile qui volait • Housards de la garde (les) •
JeanFrançois de Nantes • Filles de La Rochelle (les) • SaintHubert (la) •
Joyeuse amazone • Vieux chalet (le) • Roi Renaud (le) • Se canto • A la claire
fontaine • Derriere chez nous • Quand tu venais le soir chez nous • Trois
dragons (les) (Lamaze) • Choral des adieux • Avec des gars comme nous •
Sentinelle (la) • Chant des marais • Douce France • Mer (la) • Mes jeunes
années • O douce France.
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Le chant choral, école des sous
officiers de Cherchell, vers 1946.
Ce recueil n’est pas une édition soignée. Les partitions des chants
sont manuscrites. Il était encore distribué par l’école en 1951.
Marseillaise
(la) • En avant parcourant le monde • Petit village (le) • Adieu ma charmante blonde
• Cuirassiers (les) • Cailloux (les) • Corsaires (les) • Sur la route de Dijon
• Signor Abaté • V’la l’bon vent • Mais oui, Mademoiselle • Joyeux soldat • Son
voile qui volait • Je suis revenu • En troïka • Quand tu venais le soir chez nous
• Chant des marais • Derrière chez nous • O douce France • Chant barbare •
Qu’il est doux • Ménestrel (le) • Sentinelle (la) • Son des cloches (le) •
Gladiateur (le) • Chant nègre (Lamaze) • Flibustier (le) • Voici la nuit •
Marseillaise (la) • En avant parcourant le monde • Petit village (le) • Adieu
ma charmante blonde • Cuirassiers (les) • Cailloux (les) • Corsaires (les) •
Sur la route de Dijon • V’la l’bon vent • Son voile qui volait • Je suis revenu
• En troïka • Chant des marais • O douce France • Sentinelle (la).
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Enregistrements
Des rires et des chansons, Chœur du centre d’entrainement des
moniteurs de la jeunesse, Chef d’escadron J.E.
Lamaze, 25 cm, Pathé ST 1155, 1962.
Roi des timoniers (le), Flibustier (le), La petite Jeannette, Unir
tous les hommes, Adieu ma charmante blonde, Le p'tit oui !, Derrière chez nous
il est une montagne.
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Cœurs à chœurs, enregistré par les Chœurs symphoniques des moniteurs
de la
jeunesse d'Issoire. 25 cm (vers 1961), 50.433, 50.434.
Les harmonisations sont de grande qualité, mais la sélection s'éloigne
notablement du répertoire apprécié des soldats de cette époque comme le
montrent les titres sélectionnés.
Le Sire de Framboisy, Ah que nos pères étaient heureux, La pipe à
Papa, La Pernette, L’Automne, La Légende des grands chevaux de la nuit.
Nous
remercions Vincent Maggioli pour nous avoir signalé cet enregistrement.
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L’Artilleur de Metz, Chœur de l’école d’artillerie et du 40e RA
sous la direction du cdt Lamaze, 45 tours, Decca 451.018, 1961.
L’Artilleur de Metz, Son voile qui volait, Allons dans les bois ma
mignonnette, Père Bacchus (le).
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Sur la route de Dijon, Chœur de l’école d’artillerie et du 40e RA
sous la direction du cdt
Lamaze, 25 cm, Decca 123.913, 1959.
La magnifique pochette est signée du peintre et illustrateur de la
Légion Rosenberg.
Sur la route de Dijon, Sentinelle (la), Cuirassiers (les), Je suis
revenu, V’la l’bon vent, Ma petite Jeannette, Tumba, Trois dragons (les).
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Chants de marche et de bivouac, chœurs du 3e RPC sous la direction
du cdt Lamaze,
45 tours, Pathé EA 202, vers 1960.
Au verso de la pochette figure une dédicace du général Massu,
commandant la 10e DP. Compte tenu de l'évolution des événements, il est probable
que ce 45 tours n'a pas dû connaître une grande diffusion. Le chant Mon
Algérie, n'est pas resté dans le répertoire des parachutistes.
Mon Algérie, Ô douce France, Rien ne saurait t’émouvoir, Petit
village (le).
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Chants militaires composés par le commandant Lamaze
Rien ne saurait t'émouvoir
Chant de tradition du 3e régiment de parachutistes coloniaux.
1. Tes anciens ont souffert sur la piste
Comme des chevaliers et des preux,
Toi le vaillant parachutiste,
Toujours prêt à faire aussi bien qu’eux.
Refrain
Car il faudra para,
Car il faudra para,
En découdre par le poignard ou par la poudre,
Rien ne saurait t’émouvoir, para rude parachutiste,
C’est ta loi dans les dangers de la piste,
Rien ne saurait t’émouvoir.
2. Ton chemin sera toujours la piste,
Dans la nuit la chaleur ou le froid,
Où sans cri tombe un parachutiste,
Piste sans fin toujours devant toi.
3. Si tu dois finir sur la piste
Que ce soit en beauté comme ceux,
Qui sont morts en vrais parachutistes,
Comme des chevaliers et des preux.
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Ô douce France
Ce chant a été lancé pour la première fois par Radio Saïgon en 1948.
Ô douce France,
Mon beau pays,
Lieu de mon enfance,
Du bonheur des chansons et des rires,
Ta souvenance,
Berce ma dolance,
D’un chant d’espérance.
1. Hélas sur cette terre,
Où je suis exilé,
Mon âme est solitaire
Et mon coeur désolé,
J’attends chaque jour
Le moment du retour.
2. Ici ton cher visage
Eclaire nos destins,
Pour garder bon courage,
On pense aux clairs matins,
Qui chassaient toujours
L’ombre des mauvais jours.
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