Beaucoup de choses très intéressantes dans
cette histoire du tambour. L’auteur a été tambour à la Musique de la police
nationale, c’est donc un praticien de l’instrument. Il en présente l’histoire
et les usages. Si l’instrument est très simple, son histoire est complexe. Ce
n’est pas un instrument d’orchestre, il est utilisé dans les armées et malgré
ce contexte, les sources sont assez rares et disparates.
Froidure fait remonter sa chronologie à 1,5
million d’années. On trouve aussi des recherches sur les tambours dans les anciennes
armées européennes aux contacts des soldats musulmans, avec un inventaire des
sources disponibles. A l’époque historique, François Ier, l’Orchésographie, Mersenne, Philidor
sont mentionnés.
Certaines sources consultées sont originales,
comme les archives notariales. Il fournit des listes de noms de tambours du
XVIIIe. Il procède à des inventaires : tambours distingués
pendant la période révolutionnaire, représentations du tambour de ville,
tambour dans la littérature, des caisses disponibles dans les musées et la
liste des estampilles d’anciens facteurs de caisses. Il cite des tambours du 19e
et du 20e, mais pas de tambours-majors de l’Empire ou de l’Ancien Régime.
Une étude est consacrée aux onomatopées des
roulements de tambour dans la chanson populaire.
Les partitions françaises des batteries d’ordonnance
sont évoquées à partir de celle de 1754. Les onomatopées et leurs
significations sont explicitées. Le rôle de Gourdin dans l’apparition des
batteries napoléoniennes est évoqué. Froidure fournit une importante
documentation iconographique.
L’auteur ne souligne pas l’influence suisse
pour l’introduction du tambour dans l’armée de Louis XI au camp du Pont-de-L’Arche.
De même l’ordonnance de François Ier de 1534 qui solde des tambours
et des fifres dans les nouvelles légions n’est pas mentionnée. Les explications
des batteries sont données à partir de l’ordonnance de 1884. Une étude des
marches figurant dans les méthodes de tambour du 19e est bienvenue. Le
détail du fonctionnement des batteries repose sur le Dictionnaire de Bardin, une source fiable, mais les sources
antérieures ne sont pas évoquées.
Froidure est confronté à la confusion ordinaire
entre musique d’ordonnance et musique d’harmonie. Dans l’armée, le tambour
est-il réellement un instrument de musique ? Quand il exécute des signaux,
il ne joue pas de musique. Pendant des siècles, sont rôle principal a été de
transmettre des ordres. C’est la raison pour laquelle, le terme de céleustique
employé par le général Bardin a été récemment repris.
On peut regretter que l’auteur n’étudie pas les
partitions anciennes du tambour d’ordonnance français (Tabourot et son Orchésographie, Mersenne et les « batteries
du tambour François », Philidor et son manuscrit). Il ne donne pas les
raisons de la publication de l’Instruction
de 1754 et reprend l’erreur de Kastner qui ne l’attribue pas à de Bombelles. Il
est dommage de ne pas avoir consulté les sources, connues du général Bardin et réactualisées
déjà en 2001[1],
comme de reprendre l’ordonnance pour tambours de la Garde impériale du 1er
empire citée par Kastner, mais jamais encore localisée, si elle a existé.
Froidure conteste l’origine des batteries
napoléoniennes et le rôle de Gourdin est abordé et cite Antoine Pinchot [il écrit
Pinchaux], qui remettait en doute l’authenticité de ces batteries est cité.
Une bonne introduction sur ce sujet qui reste largement méconnu.
Le Tambour français, Jean-Michel Froidure, éd Delatour, 2016, 316 pages. ICI
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