Antoine Caro est un illustre inconnu. Né à Paris en 1714, il sert comme tambour à la Première compagnie des Mousquetaires du roi de 1731 à 1763.
En 1756 et sur ordre du roi, il compose les nouvelles batteries des mousquetaires aux Invalides.
Alors que l’Instruction pour les tambours de Bombelles avait été enseignée à tous les tambours-majors en 1754 pour normaliser les batteries en usage, le roi autorise les mousquetaires à adopter des batteries d’ordonnance différentes. De fait, les mousquetaires sont des dragons et combattent aussi bien à cheval qu’à pied et les régiments suisses avaient conservé leurs batteries, mais pas les régiments allemands. Ce privilège accordé aux mousquetaires illustre la puissance des traditions dans l’armée royale. Toutefois, ces batteries sont la seule exception connue.
Tombée dans l‘oubli, cette partition montre la richesse du répertoire des mousquetaires. Nous en avons un aperçu dans le recueil de Philidor qui donne déjà la Marche des mousquetaires en 1705. A l’époque, une “Marche” est l’ensemble des batteries de l’ordonnance (La retraite, L’assemblée, …). Nous en avons une autre illustration dans la célèbre Marche tactique du chevalier de Lirou composée en 1767 et qui est bien une marche de défilé. Outre de faire partie de l’élite de l’armée royale, les mousquetaires se distinguent par le nombre de leurs compositions musicales (Marche des mousquetaires noirs, Marche pour le défilé des mousquetaires, Marche des mousquetaires du roi, Marche des mousquetaires, …).
La composition de Caro s’inscrit dans ce répertoire militaire particulier qui veut mettre en évidence les compétences et les spécificités de ce corps d’élite. On note la similitude avec l’Instruction pour les tambours de Bombelles, antérieure de deux ans. La partition de Caro n'est pas aussi élaborée que celle de Bombelles qui est destinée à toute l’armée, elle n’est pas imprimée et ne donne pas les détails d’exécution que l’on trouve en 1754. Elle montre néanmoins le haut niveau de compétence musicale et militaire auquel prétendent les mousquetaires et vaudra à Caro une gratification et une pension du roi.
Pour la première fois, ce manuscrit est exhumé, réinterprété et enregistré par Axel Chagnon, tambour-major-adjoint à la Gendarmerie mobile. Ce travail de restauration novateur donne un aperçu de la richesse et de la complexité de la céleustique dans l’armée royale.
Partitions et enregistrements sont en ligne ICI.
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